En 1986, Judith C. Brown, une historienne de la prestigieuse université de Standford, aux États-Unis, a publié un livre fort remarqué intitulé Immodest Acts. The Life of a Lesbian Nun in Renaissance Italy. Elle y raconte sa découverte de chercheuse dans les archives d’État de Florence : l’histoire d’une abbesse emprisonnée pendant 35 ans dans son propre couvent pour fraude et conduite immorale (lesbianisme). Selon l’historienne, sœur Benedetta Carlini, puisque c’est son nom, est le premier cas aussi documenté de lesbianisme en Occident depuis l’Antiquité. Découvrons donc son histoire.
Elle commence en 1590 dans le petit village de Vellano, perché sur les Apennins, à une soixantaine de kilomètres de la cité de Florence, capitale du grand-duché de Toscane et grand centre de la Renaissance, dominé par la puissante famille de Médicis. Midea et Guiliano Carlini donnent naissance à une petite fille, la nuit de la saint Sébastien de l’an 1590. L’accouchement a été très difficile et pour remercier le Seigneur d’avoir laissé en vie sa femme et sa fille, Guiliano décide d’appeler l’enfant Benedetta et de la vouer à Dieu. L’enfant est donc destinée à devenir nonne dès sa naissance.
Les parents de Benedetta vivaient dans le confort matériel. Guiliano Carlini était le 3e homme le plus riche des 800 habitants du petit village de Vellano. Il possédait une maison à Vellano ainsi qu’une ferme dans le voisinage. Il savait écrire, ce qui était assez rare à la fin du XVIe siècle. La mère de Benedetta, Midea d’Antonio Pieri, était la fille du prêtre de la paroisse, un pilier de la petite communauté. Le couple jouissait d’un vrai prestige social dans le village. Benedetta était leur fille unique. Son père se chargea de son éducation. À 5 ans, elle savait ses prières et la litanie des saints qu’elle récitait sur son rosaire. À 6 ans, elle apprit à lire et étudia les rudiments du christianisme. Il est même possible qu’elle ait été initiée au latin. Sa mère était très dévote et particulièrement dévouée à sainte Catherine de Sienne. Elle avait aussi une très grande dévotion pour la Vierge et avait offert à sa fille une statue d’elle pour la protéger.
À l’âge de 9 ans, l’enfant est placée dans le couvent des Théatines de Pescia, une ville située dans une région qu’on appelle la Suisse pesciatine à cause de la présence des montagnes. Les Théatines sont également appelées les « sœurs de l’Immaculée Conception » : elles dévouent leur vie à Dieu et à la Vierge Marie. Il est trop tôt, à 9 ans, pour qu’on puisse parler d’une vocation. On sait de toute façon qu’il n’y eut pas de libre choix de la part de Benedetta, puisque son père avait choisi pour elle son destin.
L’enfant découvrit la vie de couvent, entre des jeunes filles et des femmes ayant soif de spiritualité mais peu de vocation. Les « sœurs de l’Immaculée Conception » avaient été créées en 1583 à Naples par une femme, Ursula Benincasa. Il s’agissait donc d’un nouvel ordre qui n’était pas encore totalement reconnu par l’Église de Rome et qui devait faire ses preuves. Toute la vie de Benedetta, entre ses 9 ans et la date de sa mort, s’est déroulée dans les murs du couvent de la Mère de Dieu (Madre de dio) de Pescia. Leggi di piu.. sur le site de Univer-L
Bientôt un film programmé au 400 coups (cliquez sur la vignette pour accéder à la fiche du film)
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Le tournage débute à Montepulciano, dans la région italienne de Toscane, le , avant de se poursuivre du au entre la vallée de Val d’Orcia et la commune de Bevagna. La partie italienne est consacrée aux extérieurs tandis que les intérieurs sont filmés en France, d’abord dans l’Abbaye de Silvacane puis dans l’Abbaye du Thoronet. Les prises de vues ont lieu dans la plus grande discrétion. SBS Productions admet qu’il s’agit d’une œuvre « sujette à controverse » et avoue craindre les associations catholiques intégristes. Aucun journaliste n’est donc convié sur le plateau.